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Qu’il « interpelle » à une maison, par exemple ? — aux maisons japonaises on ne frappe pas, les portes étant en papier. — D’abord, il lui faudra enlever ses chaussures, sous peine de passer pour impoli : premier embarras ! Ensuite, il lui faudra exécuter le cérémonial assez compliqué de la visite : autre embarras plus ennuyeux encore ! Enfin, il doit, comme les autres, rester assis sur ses talons : ce qui le met littéralement à la torture, n’ayant pas, comme les Japonais, les genoux faits à une telle position.

Puis, un coup d’œil rapide dans l’appartement lui découvre encore d’autres sujets d’étonnement. C’est le maître de la maison qui fume avec une pipe dont la cheminée ne contient pas plus gros de tabac qu’une fève, et qui frotte ses allumettes tout juste dans le sens contraire à l’habitude des fumeurs canadiens. C’est la femme qui fume aussi consciencieusement que son mari ; il faut voir comment elle laisse lentement échapper la fumée par ses narines, sans doute pour en savourer la douceur, et comment elle la fait disperser en volutes légères et capricieuses. Quelquefois il aperçoit, dans un coin, un enfant assis sur ses talons, près d’une toute petite table, et y traçant des caractères, en commençant par la droite et en allant de haut en bas ; ou bien, lisant un livre, en commençant par ce que, nous, nous croyons la fin ; ou encore, aiguisant un crayon d’une manière toute différente de celle des écoliers de chez nous.

Cependant, on le comprend, ce n’est pas dans une simple visite qu’on peut tout voir. Il faut vivre en contact plus ou moins immédiat avec cette vie familiale, pour en remarquer tous les détails. Alors, l’étranger