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LE CULTE DES MORTS


Le culte des morts est à peu près toute la religion du paganisme japonais. Au sujet de la fréquentation des temples, il est un sentiment populaire qui pourrait se traduire ainsi : « Quand on est enfant, c’est inutile d’aller au temple : on n’y comprend rien ; quand on est jeune et vigoureux, on n’en a pas le temps : il faut travailler pour vivre ; enfin, quand on est vieux, on peut y aller : si l’on n’est pas trop malade ou trop rompu par l’âge. »

Mais pour un mort, c’est autre chose : c’est à son égard que l’on peut constater la piété des fidèles ; c’est à cause de lui que l’on peut remarquer le zèle des bonzes, si bien, qu’on ne serait pas loin de la vérité en disant que ces derniers ne sont guère que des entrepreneurs de pompes funèbres.

Tout ceci vient de l’étrange idée qu’on se fait d’un mort au Japon. On croit qu’à peine l’âme a-t-elle franchi le seuil de cette vie, qu’elle passe aussitôt au rang des dieux. D’ailleurs, un dieu, qu’est-ce, aux yeux de ces gens ? Ils ne le savent pas plus qu’ils ne savent ce qu’est une âme. Que l’on en juge par le culte qu’on rend aux morts !

Ce culte a deux formes : la forme liturgique et la forme domestique.

Le culte liturgique rendu aux morts comporte les cérémonies des funérailles. Le décor et les rites diffèrent un peu chez les bouddhistes et les shintoïstes ; mais les