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LE CULTE DES MORTS

de façon à devancer et non à ajourner quelque date, pour ne pas faire attendre le défunt ! [1]

Enfin, chez les bouddhistes il y a le culte de l’ihaî. L’ihaî est la planchette qu’on a portée dans la procession des funérailles. On la conserve au foyer, dans le butsudan. Celui-ci est une espèce de petit autel, surmonté d’un baldaquin, le tout très finement travaillé et très artistiquement décoré de colonnettes, de consoles, de festons et de moulures diverses. La forme de l’autel est tout à fait carrée : l’ihaî se trouve juste au sommet d’une miniature de marchepied à plusieurs degrés, et entouré, en temps ordinaire, d’une double et même d’une triple enceinte de petites portes à coulisses, fermant les quatre côtés de l’autel.

C’est devant cet autel que chaque matin et chaque soir la famille offre au défunt du riz et autres mets, avec les salutations ordinaires : expressions du culte divin que l’on rend aux morts. C’est aussi devant cet autel que le bonze, sur la demande expresse de la famille, et, naturellement, moyennant une rétribution, vient quelquefois réciter certaines prières et faire certaines cérémonies dont le but est de rendre hommage au mort, au hotoke Sama, comme on dit ; car, d’après ces pauvres païens, l’ihaî est devenu la demeure permanente de l’esprit du défunt divinisé.

Chez les shintoïstes, au lieu de l’ihaî et du butsudan il y a le tamashiro et le mitamaya. Ce dernier, qui signifie « auguste maison des âmes », est un coffret de bois

  1. Cf. Chamberlain, ibid.