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PROPOS JAPONAIS

mais dans le rôle d’une police publique et secrète qui ne trouve peut-être d’égale en aucun autre pays, et qui constitue, ici, le véritable nerf de cette autorité. Il y a aussi, à cela, une autre raison : c’est le caractère du peuple japonais lui-même. L’esprit japonais est étrangement positif. Il prend les choses telles qu’elles sont, il ne raisonne jamais un ordre de ses supérieurs politiques. Il l’exécute aveuglément, sans même se demander s’il est raisonnable ou non.

Est-ce à dire qu’il faille, pour l’exemple du Japon, exalter cette forme d’administration au-dessus de toute autre, principalement au-dessus de celle qui a pour base la conscience et le devoir ? Loin de là, je pense. Mais ceci est une autre question. Qu’il suffise ici d’avoir signalé discrètement les conditions particulières qui expliquent, au moins en partie, l’admirable unité politique de ce pays.

Comment ne pas admirer aussi la puissance militaire du Japon ? cette puissance qui s’est déjà illustrée par deux éclatants triomphes sur la Chine et la Russie ?

Les Japonais sont assurément un peuple de guerriers. Ils en ont le patriotisme, et à tel point, qu’ils se considèrent supérieurs à tout autre peuple. Ils en ont aussi le goût. On les y forme, dès leur bas-âge, dans les écoles, par des exercices athlétiques, auxquels tous prennent part, filles comme garçons. Il n’est pas rare, lorsqu’on demande à des bambins de six à sept ans, ce qu’ils veulent devenir plus tard, d’obtenir cette réponse donnée d’une voix fière : « Je serai soldat ». On en rencontre même qui savent déjà, à cet âge, se mettre parfaitement au