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PROPOS JAPONAIS

la persécution, il ne se monte, à l’heure présente, qu’à soixante quinze mille environ.

Véritablement, la situation est changée. Il existe aujourd’hui des obstacles qui n’existaient pas autrefois, et ceux qui existaient déjà alors n’avaient pas, au moins dès le début, le caractère rebutant qu’ils ont aujourd’hui.

Ces obstacles, à l’heure actuelle, sont de deux sortes : les uns sont propres au pays, et de provenance nationale, les autres sont de provenance étrangère.

Le principal obstacle national, c’est le caractère japonais lui-même. Les Japonais sont très altiers : on ne saurait s’imaginer l’arrogante opinion qu’ils ont d’eux-mêmes et de leurs institutions.

Les professeurs, dans les écoles, enseignent que l’homme descend du singe, selon la doctrine qu’ils sont allés chercher à l’étranger… Mais ils ont soin d’ajouter que cette prétendue loi originelle ne s’applique pas aux Japonais : eux, disent-il, sont fils des dieux. Il est vrai que cette étrange prétention n’est pas un fait unique dans l’histoire du paganisme. Les Égyptiens ne se croyaient-ils pas également fils du Soleil ? Et les Romains ne se rattachaient-ils pas, par Énée, à la déesse Vénus, et ne traitaient-ils pas les autres nations de barbares ?

Avec la divinité de leur origine, les Japonais exaltent aussi l’excellence de leurs institutions. Le shintoïsme, à leurs yeux, est une religion bien supérieure à toute autre. Ils croient, comme le déclarait en 1906 le Dr Kato Kieroyuki, président de l’Université Impériale dans son livre intitulé : « Notre Constitution nationale », ils croient