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APERÇU SUR L’ÉGLISE ACTUELLE DU JAPON

dans une féerie de kiosques et de pagodes ; on arrive dans une cité qui, tout en tenant de l’ancien et du moderne, n’a le caractère tranché ni de l’ancien ni du moderne. Si, dans certaines régions de la ville, le modernisme européen dessine ses géométries les plus banales et les plus mesquines, presque partout c’est l’immense agglomération de maisonnettes en bois, la plupart sans étage et sans rien qui frappe le regard, sinon le barbouillage de leurs réclames commerciales. M. Ludovic Naudeau ne se trompait pas quand il disait de Tôkyô : « C’est un monde de jolies cabanes qui semblent avoir été faites par des ébénistes plutôt que par des charpentiers ; c’est un fouillis paré d’arbres, de jardinets, de gentils parcs et de canaux ; c’est une trop immense agglomération de demeures très petites : un Londres de huttes. »

À Tôkyô, nous avons visité plusieurs monuments remarquables du bouddhisme : le Higastu Hongwanji, le plus vaste édifice religieux de la ville, au porche immense, au toit massif, orné de lions ; le grand sanctuaire de la Kwannon d’Asakensa, la déesse de la miséricorde, où la foule circule continuellement sous une nuée de pigeons apprivoisés, qui viennent vous manger dans la main des grains vendus à cet effet, aux abords du temple même. Nous avons visité aussi le parc Ueno avec ses frondaisons épaisses, ses sanctuaires, son musée impérial et son étang de Shinobazu, l’aquatique jardin de lotus où, sur un îlot, s’élève le temple de Benten. Au parc de Shiba, nous avons vu les tombes des Shoguns Tokugawa, avec leurs hautes lanternes de pierre et de bronze, rangées à la file comme des sentinelles ; nous y avons admiré aussi les arabesques et les laques d’or du temple Sôzôji, entendu même la psalmodie larmoyante