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pauvres gens ne fichent en terre qu’un pieu, sur lequel est écrit le nom du défunt. Au pied du monument, on remarque assez souvent du riz dans un petit vase, avec des pots de fleurs de chaque côté : c’est l’offrande sacrifiée à l’âme du défunt que l’on croit passée au rang des dieux. Quant à l’entretien du cimetière, ils faut réellement admirer le soin et la piété que les païens y apportent. Il n’y a personne chargé officiellement de ce cimetière ; ce sont les parents des défunts qui viennent de temps en temps rendre ce digne honneur à leurs disparus. Ils nettoient proprement le morceau de terre qui leur appartient et placent de jolies fleurs sur les tombes. Les Japonais n’oublient pas leurs morts.

En cet endroit, c’est-à-dire aux abords du cimetière, il y a un petit temple bouddhiste, administré par des bonzesses qui, probablement, n’ont pas fait le vœu de virginité !… Un peu plus loin, se dresse un four crématoire, ce gouffre où l’on introduit les cadavres pour les faire brûler et en conserver les cendres dans des urnes.

Enfin, voici notre petit cimetière catholique, avec sa grande croix noire au milieu ; c’est là qu’aboutissent quatre petites allées couvertes de gravier et bordées d’une douzaine de croix tombales. Il y a encore autour de la grande croix, quatre bouquets de chrysanthèmes, qui complètent l’aspect assez joli de l’ensemble.

C’était là le terme de notre pèlerinage. Assemblés auprès de la croix, nous récitâmes le chapelet ainsi que d’autres prières pour nos chers défunts qui dorment là, tout près.

Puis, notre pieux devoir accompli, nous reprîmes tout doucement le chemin de la ville, l’âme remplie des plus graves pensées.