Vous me demandez quelques détails sur Parade. Les voici trop en hâte. Excusez le style et le désordre.
Chaque matin m’arrivent de nouvelles injures, quelques-unes de fort loin car des critiques s’acharnent contre nous sans avoir vu ni entendu l’œuvre ; et, comme on ne comble pas des abîmes, comme il faudrait reprendre à partir d’Adam et Ève, j’ai trouvé plus digne de ne jamais répondre. Je consulte donc du même œil surpris l’article où on nous insulte, l’article où on nous méprise, l’article où l’indulgence le dispute au sourire, l’article où on nous félicite tout de travers.
En face de cette pile de myopies, d’incultures, d’insensibilités, je pense aux mois admirables où nous avons. Satie, Picasso et moi, aimé, cherché, ébauché, combiné peu à peu cette petite chose si pleine et dont la pudeur consiste justement a n’être pas agressive.
L’idée m’en est venue pendant une permission d’avril 1915 (j’étais alors aux armées) en écoutant Satie jouer à quatre mains avec Viñes ses « Morceaux en forme de poire ». Le titre déroute. Une attitude