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LES COUSINES DE LA COLONELLE


de Saski, dont la propriété lui appartenait, en jurant haine au mariage, aux hommes, et ne laissant franchir le seuil de sa demeure qu’à son frère, le père de Gaston, et à celui-ci, alors un bambin.

Le frère mort, elle avait concentré toutes ses ambitions sur son neveu, avait juré d’en faire un des riches seigneurs de son pays.

Adoptant pour elle une existence empreinte d’une simplicité toute monacale, elle empilait chaque année les revenus de ses terres, n’en détournant des parcelles que lorsque son neveu, devenu homme, commença à prouver qu’il avait toutes ses dents et bon appétit.

— Trente mille francs que je joindrai aux trente que possède le vicomte des chefs paternel et maternel, lui permettront une large existence, s’était-elle dit ; et depuis lors, elle n’avait pas varié d’une ligne dans ses agissements.

La vieille demoiselle eût bien désiré que son neveu se fixât près d’elle, mais celui-ci était jeune ; dans son âme chantaient la gaieté, l’amour, et les grandes salles du