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LES COUSINES DE LA COLONELLE


logis, mais en femme qui entre chez son époux.

Julia releva sa tête, courbée comme celle d’une plante que l’orage vient de secouer.

— Aucun sentiment de ce genre ne me tourmente, dit-elle, je suis émue, émue des regrets que j’éprouve en quittant ceux que j’aime, un peu effrayée de l’inconnu qui s’ouvre pour moi, mais nullement humiliée : loin de là, Gaston, je suis fière de ton amour et n’ai la tentation d’en rougir devant personne. S’il en était autrement je ne serais pas près de toi.

Gaston avait vécu, dans le sens qu’on attribue à ce mot, mais jamais un caractère de femme de la trempe de celui de Julia ne l’avait captivé ; cette fois, il se sentait pris de tous les feux de l’attraction, de l’admiration devant cette nature de femme assez forte pour s’élever au-dessus des idées reçues et ne demander qu’à la radieuse vision d’amour qu’elle entrevoyait la somme de bonheur que peut donner la vie.

— Nous voilà chez nous, dit le vicomte, lorsque la voiture s’arrêta rue de Courcelles.