avait attaquées sans aucun succès. Enfin l’empereur, s’adressant au comte Monthyon, lui dit : As-tu là un officier bien monté ? — Le général Monthyon me désigna, — Pars de suite, me dit l’empereur, porter cet ordre à Caulaincourt. Je m’élance aussitôt et parviens jusqu’au général Caulaincourt qui, en lisant l’ordre que je lui apportais, s’écrie : Voilà ce que j’attendais ! Et aussitôt il réunit les colonnes placées sous ses ordres ; il leur fait part des volontés de l’empereur, assigne à chacun le rôle qu’il doit jouer, se réserve pour lui-même la deuxième redoute et, par un fatal pressentiment, désigne celui qui doit le remplacer en cas de mort. Vous, me dit-il, suivez-moi, pour rendre compte à l’empereur de ce qui arrivera.
À ces mots, il fait sonner la charge. Les cuirassiers partent au trot, en longeant un petit bois placé sur le flanc des redoutes, pendant que les grenadiers et les voltigeurs recommencent une attaque de front. Puis, après avoir dépassé le bois, ils se lancent à fond de train. Les barrières des redoutes sont enfoncées par l’effort de cette masse irrésistible. Cavaliers et fantassins y pénètrent de tous côtés. Dans la mélée, le brave Caulaincourt est frappé d’un coup mortel. Je le vis tomber à deux pas de moi. Alors je rejoignis le colonel qui devait commander après lui, et lorsque le succès fut complet : Allez, me dit-il, annoncer notre victoire à l’empereur. Je vais lui envoyer l’état-major russe qui vient d’être pris dans les redoutes.