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d’une trahison bien connue, dont les effets furent si désastreux pour l’armée et pour la France.

Dès le matin, l’empereur s’étonna de ne pas entendre le canon de son corps d’armée qui devait arrêter l’epnemi. Agité, inquiet, il part à la tête de sa vieille garde et de tout son état-major ; il s’élance au galop, et nous le suivions tous sur la route de Nangis, à gauche de celle de Paris. Arrivé sur une hauteur, également à gauche de cette route, et apercevant de cette position l’ennemi qui défilait tranquillement sur le pont de Montereau, l’empereur devint furieux ; ses yeux lançaient des éclairs.

« Pars, dit-il tout ému au maréchal Lefèvre ; prends tout mon état-major ; je garde près de moi Monthyon et deux autres officiers. Pars au galop ; va t’emparer du pont ; l’affaire est manquée, ils vont nous échapper. Je vole à ton secours avec ma vieille garde. » Et nous voilà partis comme la foudre. Parvenus au bas de la montagne à la suite de l’intrépide maréchal, nous arrivons sans obstacles à la tête du pont ; puis tournant à gauche par quatre de front, nous avançons ventre à terre sur le pont. L’arrière-garde ennemie n’était pas encore passée. Au milieu du pont, il existait une brèche assez large, mais qui ne fut point un obstacle pour nous. Telle était la rapidité de notre course, que nos chevaux la franchirent sans presque s’en douter. Nous volions. Moi, j’étais monté sur le beau cheval arabe que j’avais pris à la bataille de Hanau, et avec lequel, plus tard,