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ques-uns. Aussi, Constantin, frère de l’empereur de Russie, effrayé de cette mortalité qui se déclarait dans les chefs de l’armée, alla trouver son frère, et lui rapporta qu’il manquait plus de deux cents officiers à l’appel.

« Je ne les ai pas comptés en arrivant, je ne les compterai pas en partant, » répondit froidement Alexandre.

Si on nous avait laissés encore un mois à Paris, je crois que la plus grande partie des officiers alliés auraient passé l’arme à gauche. Mais le gouvernement jugea prudent de nous renvoyer planter des choux dans nos départements, avec une petite demi-solde de soixante-treize francs par mois et un domestique.

À la suite de nos fredaines contre les Anglais, les Russes et les Autrichiens, mon frère, qui en était informé, me fit garder les arrêts. « Ne sors plus, me dit-il, tu serais arrêté. » Je le lui promis. Cependant je pensais souvent à mes anciens maîtres, qui s’étaient montrés si bons pour moi, et je grillais d’avoir de leurs nouvelles. Or, un jour que j’étais sorti avec l’agrément de mon frére, et que je me rendais au faubourg Saint-Antoine, arrivé auprès de la Bastille, un grand bel homme qui passait là, vêtu d’une blouse, m’arrête tout-à-coup en m’abordant : — Voilà, me dit-il, un monsieur qui doit connaître Coulommiers, ou je me trompe fort.

— Vous ne vous trompez pas, répondis-je aussitôt,