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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/361

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pagne, et que je ne savais pas si je reviendrais cette fois, je fus chez son notaire, entre les mains duquel je déposai à tout hasard mon testament. J’avais fait ces dispositions à l’insu de mon frère, qui me gronda fort quand on m’apporta, chez lui, la grosse de l’acte et qu’il en eut pris connaissance.

Le général venait plusieurs fois la semaine me prendre chez mon frère pour me mener à la promenade, soit en voiture, soit à cheval. Il m’invitait souvent à dîner chez lui. Sûr de mon dévouement, il avait pour moi une véritable affection et me rappelait à chaque instant les bons feux que je lui avais faits autrefois en revenant de Moscou.

Mes préparatifs pour entrer en campagne une fois terminés, je m’occupai de régler l’ordre de marche des équipages par rang de grade, pour éviter la confusion et pour que les distributions se fissent régulièrement. Ces mesures de précaution, à l’exécution desquelles je tenais la main, furent d’un grand secours, et on me félicita plus tard de les avoir prises. Je passais tous les jours chez mon banquier toucher le prix du logement qui m’était accordé. Tout cela joint à ma paie de trois cents francs par mois et à mes rations fit que j’amassai un peu d’argent. Mais la guerre allait nécessairement recommencer ; il se faisait partout d’immenses approvisionnements de munitions et de matériel. Les grandes revues se succédaient fréquemment, et l’on sentait déjà dans l’air l’odeur de la poudre. On prépara aussi en