descendaient de mon côté en faisant le tire-bouchon. Ils se croisaient dans leur marche, mais la pente était si raide qu’ils ne pouvaient descendre qu’à petits pas. Ma position devenait embarrassante, sans m’inquiéter cependant le moins du monde. Je m’arrête un moment tout court, car je ne voyais au-dessus de moi et je croyais n’avoir au-dessous que des ennemis. Mon parti fut bientôt pris : n’apercevant plus personne au pied de la montagne, je m’en tins aux trois officiers qui semblaient s’attacher à moi et m’en vouloir. Je leur fais d’abord un grand salut ; puis tournant bride, je commence à battre en retraite ; ils se mettent à descendre comme moi, en se dirigeant toujours de mon côté. Je les observais, beaucoup moins inquiet de leur poursuite que des obstacles que je m’attendais à rencontrer pour regagner la plaine. Ma surprise ne fut pas mince, lorsqu’arrivé au bas de la montagne, je n’apercus plus personne. Toutefois, mes trois officiers ne me perdaient pas de vue et continuaient à me poursuivre de près. Lorsque je me vis dans la plaine, je me retourne de leur côté, et, leur faisant de nouveau un grand salut, je reprends tranquillement mon chemin pour rejoindre l’empereur. Les trois beaux officiers ennemis allaient s’en tenir là, sans doute, lorsque, sur mon second salut, qui leur parut être une provocation, l’un d’eux se détacha à ma poursuite et me chargea à fond de train. Loin d’être fâché, je me réjouissais intérieurement de me voir ainsi pressé par ce brave cavalier ennemi. Je
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