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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/367

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vu, cet officier ? Il m’a paru blond. C’est toujours un maladroit ; il devait engager le combat mieux que cela ; il s’est laissé tuer comme un enfant. C’était un maladroit. Tu grognes, je crois ?

— Oui, sire, je réfléchis que j’aurais dû prendre le cheval par la bride et vous l’amener moi-même.

L’empereur fit un petit sourire. Le cheval arriva.

C’est tel régiment anglais, dit l’empereur, et voici les deux autres officiers qui ramassent leur camarade.

Tout le monde flattait mon cheval. Un officier me pria de le lui céder. J’y consentis, mais je voulus quinze napoléons pour mon domestique, et vingt francs pour les deux grenadiers.

L’empereur dit au grand maréchal : « Prends note du vieux grognard ; après la campagne, je verrai. »

Un moment après, le général me fit signe d’approcher et me dit que l’empereur était très-content de moi.

Le 14 juin, de l’autre côté de Gilly, nous rencontrâmes une forte avant-garde prussienne. Les cuirassiers traversèrent cette ville au galop et si vite, que les fers de leurs chevaux volaient par dessus le toit des maisons. L’empereur prenait plaisir à les voir marcher si rapidement. En sortant de la ville, ils eurent à gravir une montagne très-raide et arrivèrent enfin au secours de notre avant-garde qui était aux prises avec les Prussiens. Ceux-ci furent sabrés d’importance et renversés sur leur première ligne avec des pertes considérables.