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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/383

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Je pars, bien résolu, et j’arrive au milieu des deux lignes. L’officier prussien, en me voyant, croit sans doute que je veux passer de son côté ; il sort de la ligne pour venir au-devant de moi et comme pour me recevoir. Cependant il s’arrête à cent pas des siens et m’attend venir ; je m’arrête à mon tour à distance, et, tirant un pistolet pour le taquiner un peu, je l’ajuste et je fais feu. La balle siffla à ses oreilles sans le toucher. Aussitôt, voilà mon homme qui fait lestement demi-tour à gauche, sans paraître disposé à reculer. Je l’attendais toujours. Voyant qu’il n’avançait plus et faisait même, à la fin, mine de fuir, je m’élance à sa poursuite et lui envoie un second coup de pistolet. Cette fois, il se fâcha tout rouge et me chargea à fond de train. Je ne demandais que cela et me mis a manœuvrer comme d’usage ; mon premier à gauche le met en défaut ; alors il revient sur moi et m’envoie un coup de pointe que je pare vigoureusement en relevant son sabre au-dessus de sa tête, puis, sans perdre de temps, je rabats ma lame sur sa figure et je frappai si fort que son nez alla tout entier, je crois bien, rejoindre son menton ; il tomba à la renverse sans donner signe de vie. Je saisis son cheval et revins en triomphe vers nos avant-postes. Les soldats m’entouraient, et le beau cavalier, qui avait suivi, avec un intérêt mêlé d’anxiété, mes mouvements dans la plaine, accourut au galop au devant de moi.

— Je vous félicite, me dit-il, c’est à vous à faire,