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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/386

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si ces malheureux soldats avaient su que leur empereur n’était pas loin, qu’il était gardé à vue à la Malmaison ; si l’armée avait su cela, elle aurait volé à son secours, il eût été délivré des mains de ses ennemis et ramené au milieu de nous. Mais nous ne savions absolument rien de ce qui se passait.

La fureur de nos soldats, qu’on éloignait de Paris, devenait inquiétante à ce point que le maréchal Davoust ne sut, un moment, quel parti prendre. Enfin, il fit appeler les généraux de la vieille garde et donna l’ordre au comte Drouot de montrer le premier l’exemple à l’armée en partant sur-le-champ pour Orléans, conformément aux ordres qu’il avait reçus. Drouot s’exécuta sur-le-champ. Une fois l’impulsion donnée par l’avant-garde, toute l’armée suivit le mouvement. Notre aile droite fut dirigée sur Tours, et l’aile gauche sur Orléans. Un corps de troupes alliées formait notre arrière-garde ; nous n’en étions pas plus contents, et à une des premières étapes, comme ils nous serraient de près, l’armée fit volte-face, tomba sur eux et les traita comme de coutume. Leur avant-garde fut renversée et abîmée. Cette leçon leur servit à nous mieux respecter et ils ne nous suivaient plus que de loin. Nous arrivâmes ainsi à Orléans et nous traversâmes la ville et le pont sur la Loire sans nous arrêter. Nous devions établir le quartier général dans un grand faubourg qui se trouvait presque désert, et où nous manquions à peu près de tout.