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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/396

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Le vendredi suivant, on nous sert pour légumes un plat de lentilles. Voilà mes deux fanfarons qui jettent feu et flamme contre l’hôtesse ; ils voulaient prendre le plat et le faire passer par la fenêtre.

Voyant que personne n’osait s’opposer à leurs petites fureurs et qu’ils allaient mettre leur menace à exécution : Doucement, messieurs, doucement, leur dis-je d’un ton calme et ferme. Vous injuriez la maîtresse de la maison assez légèrement ; et puis il me semble que votre vieux capitaine et moi nous aurions droit à un peu plus de réserve et de déférence ; avant de condamner le plat de lentilles, il faudrait au moins l’avoir goûté. Eh bien, en ma qualité de président de table, j’invite votre capitaine à en goûter et à nous dire franchement son avis : c’est lui qui décidera.

Le capitaine s’empressa de déférer à mon invitation et de déclarer qu’il trouvait les lentlles bonnes.

Et mes deux mutins de s’emporter de plus belle et de crier qu’ils n’en voulaient pas, qu’ils n’en mangeraient pas.

Toutes ces bravacheries commencaient à m’échauffer la bile et je perdais patience. Vous n’en voulez pas comme les voilà, leur dis-je, d’une voix très-accentuée ; et si je vous les faisais manger confites dans mon bocal pendant vingt-quatre heures, en voudriez-vous ? Et si, pour vous donner de l’appétit, je vous faisais faire auparavant le tour de la ville avec un fouet de postillon, ça vous irait-il ? Eh bien ! il faut en passer