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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/401

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nature qui couvraient la campagne. Je me croyais seul avec mon ami dans ces agréables excursions champêtres. Pas du tout ; à chaque instant je me voyais traqué par la police. J’aperçus même, certain jour, un homme couché à plat ventre dans une perchée, caché sous les pampres de la vigne, et qui nous écoutait parler. La police était alors jour et nuit en éveil contre moi ; je devins suspect à ce point, que l’on m’invita à passer à l’Hôtel-de-Ville, pour me présenter devant le maire, M. Leblanc-Davaux, grand et aimable magistrat ; Je n’eus qu’à me louer de sa bienveillance. « Vous êtes dénoncé, me disait-il, il faut faire attention ; vous avez tenu des propos contre le gouvernement. » Ces dénonciations calomnieuses me mettaient de mauvaise humeur. Je protestai énergiquement contre. Quels que fussent mes sentiments intérieurs, je ne parlais jamais politique, et j’insistais pour que l’on voulût bien me mettre en présence de mes dénonciateurs. Je ne vous demande ni grâce, ni faveur, répétais-je à M. Leblanc, si je suis coupable, faites-moi punir ; mais auparavant, confrontez-moi avec ceux qui m’accusent, et assurez-vous si je suis coupable. « Allez, répondait-il, je vous crois, mais, faites attention, et observez-vous. »

Il m’en coûtait beaucoup et j’étais vivement contrarié d’avoir à répondre ainsi tous les jours à de nouvelles calomnies. Chaque fois qu’il y avait quelque chose, je voyais venir à moi le sergent-de-ville, je sayais ce qu’il voulait me dire. Il se nommait Monbon,