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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/404

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Mon homme me regardait avec de grands yeux en m’écoutant parler et jugea prudent de ne pas pousser plus loin sur ce chapitre. Lequel des deux, prenez-vous ? lui dis-je. Il fit son choix, me donna les six cents. d’acquisition, et les quatre-vingts francs promis pour frais de voyage. Ce n’était pas un fin connaisseur, car le cheval qu’il préféra valait moitié moins que l’autre. Et pour lui montrer le savoir faire et la valeur de cet incomparable animal, je lui proposai de le faire grimper au premier étage de la maison, par l’escalier intérieur et de le faire descendre par le même chemin, moi dessus, bien entendu, et sans broncher d’un pas. L’escalier étant trop peu praticable pour que je pusse faire voir au marquis la docilité et l’adresse de ce cheval, je m’en dédommageai en montant dessus et en le faisant manœuvrer dans la cour. Il exécuta tous les mouvements possibles, en avant, en arriêre, en travers, avec une dextérité que tous les spectateurs admiraient. Il marchait à reculons à peu près aussi vite qu’en avant, Je lui fis dresser les deux jambes sur l’appui d’une croisée. Reste-là, lui-dis-je, et il ne bougeait pas.

Le major bisquait plein sa peau d’avoir fait un choix aussi maladroit. Comme je n’étais pas content de lui, et que d’ailleurs le marché était conclu et son choix fait, je n’étais pas fâché de m’amuser un peu à ses dépens et je lui dis moitié en riant, moitié sérieux : celui que vous avez était mon cheval de porte-manteau,