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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/407

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Nous lui dîmes : c’est plutôt pour augmenter votre fortune que pour la diminuer que nous avons vendu.

— C’est bien, nous répondit-il, mais je veux un logement pour ma femme après ma mort.

— Cela ne peut pas se faire, répliqua vivement mon frère ; je ne puis pas oublier qu’elle m’a mené dans les bois avec ma sœur pour nous perdre. Elle ne mérite de notre part ni grâce, ni faveur. D’ailleurs, vous lui avez passé tout le reste de votre fortune, vous avez dépouillé vos enfants pour lui assurer un honnête viager, c’est bien assez comme cela. Elle est aujourd’hui plus riche que nous ; enfin, je ne peux pas consentir à ce que vous demandez.

Moi, j’aurais peut-être souscrit à tout, mais mon frère ne voulut jamais céder, et on se quitta sans avoir pu prendre d’arrangement.

Nos affaires du reste, furent terminées le même jour et nous quittâmes Druyes dès le lendemain. Mon père, aigri par sa mauvaise femme, ne voulut pas démordre de ses prétentions, et comme il nous vit inflexibles, il nous en garda rancune.

De retour à Auxerre, nous réglâmes partout nos affaires en commun avec mon frère. En fin de compte, il me restait pour toute fortune, six arpents de mauvaises terres et vignes, avec un cheval. Mais combien je me trouvais soulagé de n’avoir plus mon procès sur les bras ! cette tranquillité d’esprit me valut mieux à elle seule que toutes les richesses du monde.