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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/413

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étions encore à causer. On vint avertir le préfet, et le cortège se mit immédiatement en marche ; mais comme nous étions en retard, au lieu d’aller à l’église, nous fûmes obligés de courir pour rattraper le clergé et suivre le dais auprès duquel figurait le général. À peine étions-nous arrivés à la place que nous devions occuper. que l’on nous cria de tous côtés : En arrière, les officiers ! en arrière ! C’était le tribunal qui voulait passer devant nous. Les juges arrivaient, en effet, avec leurs grandes robes et nous pressaient de nous retirer. Je me trouvais placé au côté gauche, et j’avais près de moi le procureur du roi, qui me dit avec impatience :

— En arrière ! Vous n’entendez donc pas que je vous crie de vous retirer ?

— Je dois suivre mon général et c’est ce que je fais.

— Je vous dis de laisser passer le tribunal, ajouta le magistrat d’un ton encore plus impérieux et avec un regard menaçant.

— C’est donc vous qui nous commandez ? Eh bien ! f… commandez donc !

— Je ne vous connais pas, reprit dédaigneusement le magistrat, mais…

— Je vous connais bien, moi, repris-je à mon tour d’un air indigné, et j’ai lieu de m’étonner de vos procédés envers un capitaine qui est en tenue et à sa place, car nous ne devons pas quitter le général. Tel est l’ordre. Si aussi bien vous étiez un officier, je vous dirais deux mots.