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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/417

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D’abord on forma des gardes-du-corps ; on forma aussi à grands frais des régiments suisses, à l’arrivée desquels on éloigna la vieille garde de Paris. Tous les vieux officiers furent renvoyés dans leurs foyers comme suspects, et bien surveillés, j’en sais quelque chose. L’arrivée des Suisses et le renvoi des officiers de la garde causèrent un mécontentement général.

On peut dire que les hommes qui présidaient alors à nos destinées étaient bien aveugles et bien maladroits : si, au lieu de nous humilier comme on le faisait en nous préférant des soldats étrangers, et de nous persécuter de toutes les manières, on nous eût admis dans les honneurs de l’armée, même dans les gardes-du-corps, tout le monde eût été content, satisfait, personne n’eût failli à son devoir, et, dans cette pépinière d’officiers instruits et expérimentés que l’on chassait, on eût trouvé des hommes capables d’instruire les conscrits des régiments que l’on voulait réformer, et ils en avaient, en effet, grand besoin, ce qui n’eut jamais lieu, du reste, que sur les cadres. Car, il faut bien le dire, dans l’armée des émigrés, il ne se rencontra pas un homme, pas un seul, capable de commander sérieusement une brigade, et force leur fut, pour avoir de bons chefs, de recourir aux officiers généraux de l’Empire, qu’ils détestaient ; encore n’en prit-on qu’un très-petit nombre, le moins possible, et ce fut encore là une nouvelle faute.

Le ministre de la guerre avait de l’antipathie pour