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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/65

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Le 13, au point du jour, on nous fit marcher en avant dans une grande plaine, et, sur les deux heures de l’après-midi, on nous fit placer en bataille et former les faisceaux.

Notre division comprenait environ 15,000 hommes. Nous étions développés sur le plateau où passe la grande route d’Alexandrie, et nous n’apercevions pas le reste de l’armée, qui était à notre droite, dans des bas-fonds. Nous voyions seulement des aides-de-camp arriver du côté de ces bas-fonds et voler dans tous les sens.

La 24e demi-brigade fut détachée pour pointer en avant, à la découverte. Elle marcha très-loin et finit par rencontrer des Autrichiens. Même elle eut avec eux une affaire très-sérieuse. Elle fut obligée de se former en carré pour résister à l’effort des ennemis. Bonaparte l’abandonna dans cette position terrible. On prétendit qu’il voulait la laisser écraser. Voici pourquoi. Lors de la bataille de Montebello, cette demi-brigade ayant été poussée au feu par le général Lannes, commença par fusiller ses officiers. Les soldats n’épargnèrent qu’un lieutenant. Je ne sais au juste quel pouvait être le motif de cette terrible vengeance. Le consul, averti de ce qui s’était passé, cacha son indignation. Il ne pouvait sévir en face de l’ennemi. Le lieutenant, qui avait survécu au désastre de ses camarades, fut nommé capitaine, l’état-major recomposé immédiatement. Mais néanmoins on conçoit que Bonaparte n’avait rien oublié.