Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/149

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et 59e fondent à leur tour sur l’ennemi et font quatre mille prisonniers. Le régiment de grosse cavalerie tombe sur la masse. Voilà toute leur armée en pleine déroute. Tout le monde fit son devoir, mais la neuvième par-dessus tout. Notre autre cavalerie se réunit à celle-là, et se jette comme une masse sur la cavalerie autrichienne qu’ils mirent dans une telle déroute qu’ils se sauvèrent à toute bride dans Alexandrie. Une division autrichienne venant de l’aile droite vient sur nous à la baïonnette, et nous courûmes aussi baïonnette croisée ; nous les renversâmes, et je reçus une petite incision dans le cil de l’œil droit, en parant le coup que me portait ce grenadier. Je ne le manquai pas, mais le sang me bouchait l’œil, ils en voulaient à ma tête ce jour-là. C’était peu de chose. Je continuai de marcher et je ne sentais pas mon mal ; nous les poursuivîmes jusqu’à neuf heures du soir, nous les jetâmes dans les fossés pleins d’eau. Leurs corps servaient de pont pour laisser passer les autres. C’était affreux de voir ces malheureux se noyer, et le pont tout embarrassé. On n’entendait que des cris ; ils ne pouvaient plus rentrer en ville, et nous prenions les voitures, les canons. À dix heures, mon capitaine m’envoie chercher par son domestique pour me faire souper avec lui, et mon œil fut pansé, ma chevelure fut remise en état.

Nous couchâmes sur le champ de bataille, et