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DU CAPITAINE COIGNET.

nous partîmes pour prendre garnison au Mans (département de la Sarthe), que l’on peut citer la meilleure garnison de France. La belle garde nationale vint au-devant de nous, et ce fut de la joie pour la ville de voir un bon vieux régiment prendre garnison. — Les murs de la caserne étaient encore teinte du sang des victimes qui avaient été égorgées par les chouans, et on nous mit, pendant deux mois, chez le bourgeois, où nous fûmes reçus comme des frères. On répara la caserne, où je restai un an.

Le colonel se maria avec une demoiselle d’Alençon, fort riche, et ce fut des fêtes pour la ville. Les invitations furent considérables ; je fus désigné pour porter les invitations dans les maisons de campagne. Le colonel fut généreux avec le régiment ; tous ses officiers furent invités.

Au bout de trois mois, la caserne rendit le pain bénit, et l’on fit faire trois brancards garnis en velours, chargés de brioches, et portés par six sapeurs. L’épouse du colonel fit la quête, et mon capitaine Merle, nommé commandant, conduisait notre belle quêteuse ; le tambour-major était le suisse ; moi, je portais le plat, et madame faisait la révérence.

La quête fut de neuf cents francs pour les pauvres ; tout le régiment était à la messe. On fit porter un brancard chargé de pain bénit chez le colonel, et là on fit des parts, avec une branche de laurier sur chaque part et une lettre d’invi-