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DU CAPITAINE COIGNET.

bouteilles de bière. Rentré à la caserne, je demandai la permission de sortir jusqu’à l’appel de midi. « Allez ! » dit mon caporal.

Je vole pour aller voir cette bonne sœur place du Pont-Neuf, chez un chapelier. Je me présente avec la lettre que le maître de la maison avait eu l’obligeance de m’écrire, et ils furent surpris de voir une barbe comme la mienne : « Je suis le militaire à qui vous avez eu l’obligeance d’écrire au Mans. Je viens voir ma sœur Marianne ; voilà votre lettre. — C’est bien cela, venez, me dit-il. Attendez un moment, votre grande barbe pourrait lui faire peur. »

Il revient et me dit : « Elle vous attend, je vais avec vous. »

J’arrive vers cette grosse mère, et lui dit :

« Je suis ton frère, viens m’embrasser sans crainte. »

Elle vient en pleurant de joie de me voir ; je lui dis : « J’ai deux lettres de mon père, datées de Marengo. »

Et le maître de me dire : « Il faisait chaud. — C’est vrai, monsieur. — Mais, dit-elle, mon frère l’aîné est ici à Paris. — Est-il possible ? — Mais oui ! il va venir me voir à midi. — Quel bonheur pour moi ! Je suis dans la garde du Consul, je vais courir à l’appel et je reviendrai le voir ; à une heure, je serai de retour. »

Je remerciai le maître et je cours à l’appel ; je reviens le plus vite possible, mais mon frère