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LES CAHIERS

Il se présente ; le plus grand silence règne dans la chapelle, il traverse tout ce corps d’officiers et va se placer à droite, dans le fond, sur son trône ; Joséphine était en face, à gauche, dans une loge ; Eugène, au pied du trône, tenait une pelote garnie d’épingles, et Murât avait une nacelle remplie de croix. La cérémonie commence par les grands dignitaires, qui furent appelés par leur rang d’ordre. Après que toutes les grandes croix furent distribuées, on fit porter une croix à Joséphine dans sa loge sur un plat que Murât et Eugène lui présentèrent.

Alors on appela : « Jean-Roch Coignet ! » J’étais sur le deuxième gradin ; je passai devant mes camarades, j’arrivai au parterre et au pied du trône. Là, je fus arrêté par Beauharnais qui me dit : « Mais on ne passe pas. » Et Murât lui dit : « Mon prince, tous les légionnaires sont égaux ; il est appelé, il peut passer. »

Je monte les degrés du trône. Je me présente droit comme un piquet devant le Consul, qui me dit que j’étais un brave défenseur de la patrie et que j’en avais donné des preuves. À ces mots : « Accepte la croix de ton Consul », je retire ma main droite qui était collée contre mon bonnet à poil, et je prends ma croix par le ruban. Ne sachant qu’en faire, je redescendis les degrés du trône en reculant, mais le Consul me fit remonter près de lui, prit ma croix, la passa dans la boutonnière de mon habit et l’atta-