Aller au contenu

Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
152
LES CAHIERS

des ventouses et des remèdes qui ne faisaient rien ; ce que l’on me donnait à prendre par le haut ne passait pas.

Il en fut fait rapport au premier Consul qui donna l’ordre de mettre deux médecins de nuit près de moi pour me garder, et des infirmiers nuit et jour… Un officier de service venait tous les matins savoir de mes nouvelles. Tous les soins me furent prodigués ; on donna l’ordre de laisser entrer ceux qui viendraient me voir sans permission, et ma plus grande consolation c’était de voir ma croix qui était près de moi. Je supportais toutes les souffrances possibles pour me guérir.

Cette situation dura pendant quarante jours. Il y eut une consultation où fut appelé le baron Larrey et des médecins qui me mirent sur une table bien couvert sur des matelas : « Messieurs, leur dit-il, ce brave militaire est rempli de courage, consultez-vous et dites-moi votre avis. »

Ils délibèrent, et je n’entendis rien ; M. Larrey dit : « Il faut faire apporter un baquet de glace et de la limonade, et nous lui en ferons prendre. Si elle passe, nous verrons. »

On me présenta un grand gobelet d’argent plein de limonade bien sucrée, je la bois et je ne vomis pas. Ces messieurs attendaient, et une demi-heure après ils m’en donnèrent un second verre. M. Larrey leur dit : « J’ai sauvé le haut, sauvez le bas ! » Ils délibèrent pour me faire