Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/208

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saient : « Notre Empereur ne se sert pas de nos bras pour faire la guerre, mais de nos jambes. »

Lorsque l’Empereur apprit que le prince Ferdinand s’était sauvé d’Ulm avec sa cavalerie, il fit partir le prince Murât et les grenadiers d’Oudinot à leur poursuite. Nous les rencontrâmes à dix lieues de chemin ; ce n’était que voitures, canons, caissons et cavalerie ; ils avaient pris la moitié de leurs armes avec quatre mille chevaux ; les routes étaient couvertes de prisonniers.

Nous étions partis à minuit pour rejoindre les avant-gardes, et il fallait traverser les troupes qui se trouvaient sur la route sans les déranger de leur chemin, sur les côtés de la route. Il fallait prendre le milieu, dans la boue et traverser des colonnes de deux lieues. Nos grenadiers faisaient des enjambées d’une toise et dépassaient deux soldats à chaque pas, et moi avec mes petites jambes, je trottais pour suivre mes camarades. L’Empereur dormait dans sa voiture, et lorsqu’il s’arrêtait, il fallait monter la garde, et les corps d’armée passaient. Lorsque ces troupes avaient fait quinze lieues, l’Empereur repartait à son tour ; il nous fallait mettre sac au dos et avaler tout le trajet toujours la nuit. Nous ne pouvions voir ni ville ni village. Heureusement, les Russes nous attendaient. Les grenadiers d’Oudinot avec le maréchal Lannes et Murat