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LES CAHIERS

partir le 30 janvier. L’Empereur était parti le même jour peur se porter en avant ; nous ne le joignîmes que le 2 février, il s’en alla de suite ; le 3, nous partîmes pour le rattraper. On nous dit que nous marchions sur Eylau et que les Russes gagnaient la ville de Kœnigsberg pour s’embarquer, mais ils nous attendaient dans une position en avant d’Eylau qui nous coûta cher. Les bois et les hauteurs furent emportés, et on les serrait de près ; ils prirent La route qui conduit à Eylau à droite sur des mamelons, là, ils se battirent en déterminés. Ils perdirent enfin leurs positions : le prince Murât et le maréchal Ney les poursuivirent dans Eylau pêle-mêle dans les rues. La ville fut occupée par nos troupes malgré les efforts faits pour la reprendre. Le 7 février, l’Empereur nous fit camper sur une hauteur en face d’Eylau ; il nous fit faire son feu. Nous portâmes du bois, des bottes de paille, et il nous demanda une pomme de terre par ordinaire : nous lui en portâmes une vingtaine. Il s’assit au milieu de ses vieux grognards sur une botte de paille, un bâton à la main. Nous le voyions retourner ses pommes de terre, en faire le partage à ses aides de camp.

Le 8 février, les Russes nous souhaitèrent le bonjour du grand matin par des bordées de canon. Tout le monde sur pied ; l’Empereur, à cheval, nous fit porter en avant sur le lac avec toute notre artillerie et toute la cavalerie de sa