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LES CAHIERS

on finit par lui trouver un logement plus convenable et toujours au milieu de nous, il vivait souvent de ce que donnaient ses soldats. Les pauvres officiers, sans les soldats, ils seraient morts de faim. Les habitants avaient tout enfoui dans les forêts et dans leurs maisons. À force de chercher, nous finîmes par découvrir leurs cachettes. En sondant avec nos baguettes de fusil, nous découvrîmes des vivres de toute espèce, du riz, du lard, du blé, de la farine, des jambons ; on faisait de suite la déclaration à nos chefs, et ils présidaient à l’enlèvement des objets mis en ordre en magasin. Notre cher Empereur faisait tout pour se procurer des vivres, mais ils n’arrivaient pas, et les rations manquaient souvent. Alors il fallait aller à la maraude et par un temps rigoureux. « Allons, partons demain ! dis-je un jour. À une vingtaine, bien armés, nous fouillerons ces grandes forêts de sapins, on dit que nous trouverons des daims et des cerfs ! La neige nous fera découvrir du gibier. Il faut partir au petit jour, ne rien dire à personne, notre sergent répondra pour nous. — C’est décidé, dirent-ils ; notre petit intrépide veut manger du daim. Allons, en route ! »

Nos fusils bien chargés, nous nous enfonçâmes très loin. Voilà un troupeau de daims qui passe à deux cents pas, et puis beaucoup de lièvres, mais à balle on manquait à tout coup. Voyant un lièvre sauter, je me dis qu’il n’est pas loin,