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LES CAHIERS

la garde sous les armes dans la belle rue de Tilsitt sur trois rangs de chaque côté. Notre Empereur fut au-devant de l’empereur de Russie au bord du fleuve avec des chevaux de selle pour faire monter l’empereur et les princes, mais le roi de Prusse n’y était pas ce jour-là. Quel beau coup d’œil que ces souverains, princes et maréchaux, avec le fier Murât qui ne cédait en rien en beauté à l’empereur de Russie, tous dans le plus beau costume. L’empereur de Russie vint devant nous et dit au colonel Frédéric : « Vous avez une belle garde, colonel. — Et bonne, Sire », dit-il à l’empereur qui répondit : « Je le sais. »

Le lendemain, il les régala d’une belle revue de sa garde et du troisième corps commandé par le maréchal Davoust, dans une plaine à une lieue de Tilsitt. Ce fut un beau jour, la garde était brillante comme à Paris, et le corps du maréchal ne laissait rien à désirer (toute sa troupe en pantalons blancs). Après la revue de ces trois souverains, on nous fit défiler par division ; on commença par le troisième corps ; puis les grognards (c’était un rempart mouvant). L’empereur de Russie, le roi de Prusse et tous leurs généraux saluèrent la garde, à chaque division qui passait.

On donna l’ordre de se préparer pour donner un repas à la garde russe, et de faire des tentes très longues et larges, avec toutes les ouvertures sur la même ligne, et des plantations de beaux