Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/266

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Le lendemain, rangés autour de lui : « Voyons, faisait-il, je vais commencer. » Il fallait répéter son commandement, chacun à son tour. Je déployai si bien ma voix qu’il en fut surpris, et me dit : « Recommencez, ne vous pressez pas. Je vais vous faire le commandement, vous n’aurez qu’à répéter après moi. Point de timidité ! nous sommes ici pour nous instruire. »

Me voilà à crier !… « C’est cela, dit-il. Voyez, Messieurs ! Le petit caporal Coignet fera un bon répétiteur. Dans un mois, il nous dépassera. — Ah ! major, vous me rendez confus. — Vous verrez, me dit-il, quand vous aurez de l’aplomb. »

Pour ma théorie, je n’eus pas bon temps, j’avais toujours le nez dedans, mais j’étais loin d’atteindre mes camarades qui récitaient comme des perroquets. En revanche, dans la pratique je les surpassais ; je devins fort pour montrer l’exercice et je me trouvais dédommagé de mon peu de savoir. J’avais fait emplette de deux cents petits soldats de bois que je faisais manœuvrer.

Quand on faisait la grande manœuvre, je retenais tous les commandements. Le brave général Harlay qui commandait, ne laissait rien à désirer ; on pouvait apprendre sous ses ordres. C’est la marche de flanc qui est la plus difficile ; par bataillon, il faut partir comme un seul homme, faire halte de même, front par un à gauche, tout le monde conservant sa distance, aussi bien aligné que les guides généraux sur