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LES CAHIERS

ne peut se faire une idée de la terre remuée pendant ces trois mois. Les Autrichiens en firent de bien plus considérables encore en face de nous. L’Empereur partait de son palais à cheval avec son escorte, il arrivait dans l’île Lobau et montait au haut de son sapin ; de là il voyait tous leurs travaux et faisait exécuter les siens : il revenait satisfait et joyeux, ça se voyait à son arrivée, il parlait à tous ses vieux soldats en se promenant dans la cour les mains derrière le dos. Il recompléta sa garde, et comme il avait fait venir des acteurs de Paris, il donna la comédie dans le château ; les belles dames de Vienne furent invitées avec cinquante sous-officiers. C’était un coup d’œil magnifique, mais c’était trop petit pour tant de monde. Pendant ces trois mois, mon bras étant remis de son engourdissement, je me mis à écrire sans relâche ; je fis des progrès. Mes maîtres étaient contents de moi. Personne de la garde ne mit le pied dans Vienne, pas même l’Empereur, mais il faisait de fréquentes visites à l’île Lobau pour voir les grands préparatifs, il faisait faire la manœuvre à toute son armée pour la tenir prête à rentrer en campagne. Lorsque tout fut prêt, il fit voir un échantillon de son armée aux amateurs de Vienne, dans une revue de cent mille hommes sur les hauteurs à gauche de la ville. Là, il fit venir notre colonel Frédéric, et le reçut général en lui disant : « Je te ferai gagner tes