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LES CAHIERS

au bout de deux mois. C’était ravissant de les voir manœuvrer ; ils ne firent pas une faute et furent tous reçus sous-lieutenants dans la ligne ; ils partirent pour rejoindre leurs régiments. L’Empereur me demanda : « Savent-ils commander ? — Oui, Sire, tous. — Fais sortir le premier, et qu’il commande le maniement des armes ! »

Il fut ravi : « Fais sortir, dit-il, le dernier. Qu’il fasse faire la charge en douze temps !… C’est bien… Fais sortir le n° 10 du premier rang. Qu’il commande le feu de deux rangs !…. Fais porter les armes ! C’est suffisant. »

J’étais content d’être sorti d’une pareille épreuve. Il dit aux adjudants-majors : « Il faut pousser les nouveaux arrivés, et faire des cartouches pour la grande manœuvre. Je vous enverrai trois tonnes de poudre. » — Et il partit pour Saint-Cloud.

Pendant quinze jours, cent hommes faisaient des cartouches, et les adjudants-majors présidaient. Il fallait des chaussures sans clous pour éviter tout danger ; toutes les deux heures, ils étaient relevés et les pieds visités. Nous fîmes cent mille paquets ; aussitôt la récolte finie, grandes manœuvres dans la plaine Saint-Denis et revues aux Tuileries, avec parcs d’artillerie considérables, fourgons et ambulances. L’Empereur faisait ouvrir, et montait sur la roue pour s’assurer si tout était complet ; quelquefois