Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/360

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suivit si rapidement qu’ils brûlèrent tous leurs blessés ; nous les trouvâmes tous en charbon ; voilà le cas qu’ils font d’un soldat. L’Empereur quitta Mojaïsk dans l’après-midi du 12, et transporta son quartier général à Tartaki, petit village. Le comte Monthyon me fait demander : « Vous êtes bien heureux, me dit-il, l’Empereur vous désigne pour joindre le prince Murât qui entre demain à Moscou. Venez prendre les ordres de l’Empereur. »

Arrivé près de Sa Majesté : « Je t’ai désigné pour aller rejoindre Murât ; tu prendras vingt gendarmes, et en arrivant au Kremlin, tu visiteras les caveaux ; tu posteras les gendarmes aux issues du palais. Monthyon, donne-lui ton interprète, et mes dépêches pour Murât. Demain matin, tu partiras. »

Que j’étais fier d’une pareille mission ! À dix heures, j’étais près du prince Murât ; je lui remets mes dépêches : « Nous allons partir, me dit-il, vous me suivrez avec vos gendarmes. — Oui, mon prince. — Mais vous n’avez que la moitié d’un chapeau ? — Ce sont les Russes qui en avaient besoin pour faire de l’amadou. » Il se mit à rire aux éclats : « Vous sortez de la garde ? — Oui, mon prince, des grenadiers à pied. — Vous êtes un de nos vieux. Donnez l’ordre à vos gendarmes d’être à cheval à onze heures pour nous rendre au pont. »

On sort de la forêt. Une plaine aride et sablon-