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les cahiers

Moscou. Quant aux pertes, personne ne put les calculer ; personne ne peut voir de plus tristes tableaux.

Mon pénible service terminé, j’eus quelques jours de repos. Mon général me dit : « Je vous attache près de moi ; vous ne me quitterez plus, vous mangerez à ma table. Vous avez souffert dans l’emploi de l’évacuation des hôpitaux. Reposez-vous ! » Je fus heureux d’être sous un pareil général ; je n’avais que le souci d’approvisionner nos chevaux et de me mettre à table.

Mon général avait douze couverts, et comme son aide de camp était un peu paresseux, je lui dis : « Ne vous tourmentez plus, je veillerai. » Aussi, tout arrivait à la maison ; nous avions des provisions pour passer l’hiver, nous et nos chevaux. Je n’étais pas non plus exempt de service pour porter les dépêches à mon tour. L’Empereur passait des revues tous les jours ; il faisait enlever des trophées de Moscou et la croix du tombeau des czars. Il fallait voir cette charpente pour descendre la croix ; les hommes paraissaient des nains. Cette croix avait 30 pieds de hauteur, elle était massive en argent. Tous les trophées étant chargés dans de grands fourgons ils furent remis au général Claparède avec un bataillon d’escorte, et il partit des premiers lors de la retraite. Les juifs dénoncèrent à nos soldats des cachettes enfouies ; leur cupidité fit des torts considérables à des malheureux. Personne dans