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l’acharnement de nos troupes. Devant Lutzen, tous les blessés étaient emportés par de jeunes garçons et de jeunes filles. Trente couples au moins allaient de la ville au champ de bataille, et revenaient avec leur pénible fardeau pour retourner de suite. J’ai vu ce trait, il ne doit pas être passé sous silence ; ces garçons méritaient des lauriers, et les filles, des couronnes.

Quant aux équipages de l’armée, je les faisais parquer d’après l’ordre reçu, avec une forte, escorte de gendarmes d’élite et tous les piqueurs ; l’Empereur me faisait prévenir pour rejoindre le soir. Je faisais toujours former le carré, tous les chevaux en dedans, et les voitures se touchant de manière qu’il était impossible à l’ennemi de pénétrer.

Le 8 mai, l’armée entra vers midi à Dresde. Le 12, l’Empereur fut à la rencontre du roi de Saxe revenant de Prague où il s’était retiré, et le conduisit jusqu’à son palais au son des cloches et au bruit du canon.

Avant d’arriver à Dresde, je reçus l’ordre de me porter au passage du pont avec mes gendarmes pour ne laisser passer que les équipages des états-majors ainsi que les cantines appartenant au corps. Tout le reste fut dételé sur-le-champ, et les chevaux mis de côté. Ce qu’il y avait de curieux, c’était de voir les officiers et sergents-majors à cheval. Je faisais descendre ces messieurs. J’avais ainsi des chevaux tout harnachés,