Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/402

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général, toute la maison de l’Empereur est sauvée, le trésor et les cartes de l’armée ; rien n’est resté en arrière, j’ai tout sauvé, mais j’ai dix boulets qui ont entamé mes voitures et deux piqueurs atteints légèrement. » Et je lui conte mon affaire du défilé avec le colonel ; il me dit qu’il en ferait son rapport à l’Empereur. « Restez tranquille, ajouta-t-il, je verrai l’Empereur demain matin. Qu’il se présente ! il devrait être sur le champ de bataille pour ramasser nos généraux blessés qui sont au pouvoir de l’ennemi ; il va avoir un savon de l’Empereur. Vous étiez à votre poste, et lui n’y était pas. — Mais, général, je l’ai mené dur ; je voulais lui fendre la tête. S’il avait été mon égal, je l’aurais sabré, mais j’ai toujours eu tort de lui manquer de respect. — Eh bien ! je me charge de tout. Allez, mon brave, vous ne serez pas puni ; vous étiez autorisé de l’Empereur, et lui pas. » Jugez si j’étais content !

Sur les deux heures du matin, nous voyons du feu sur le champ de bataille ; on faisait brûler tous les fourgons, et sauter les caissons. C’était affreux à voir. Le 19 octobre, Napoléon, après une entrevue touchante avec le roi de Saxe et sa famille, s’éloigna de Leipzig. Il se dirigea par les boulevards qui conduisent au grand pont du faubourg de Lindenau et recommanda aux officiers du génie et de l’artillerie de ne faire sauter ce pont que quand le dernier