Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/404

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

grande chaussée ? — Je voulais doubler avec les ambulances et le colonel m’a répondu qu’il n’avait pas d’ordres à recevoir de moi, je lui ai dit : « Au nom de l’Empereur, appuyez à droite ! » Il l’avait fait pour l’artillerie et il ne voulait pas me céder la moitié du chemin. Alors je l’ai menacé ; s’il avait été mon égal, je l’aurais sabré. »

L’Empereur se tournant vers le colonel : « Eh bien ! que dis-tu ? tu l’as échappé belle ; tu garderas les arrêts quinze jours pour être parti sans mon ordre, et si tu n’es pas satisfait, mon grognard te fera raison. Pour toi, me dit-il, tu as fait ton devoir, va chercher ton chapeau ! »

Après que l’Empereur eut réuni tous nos débris. l’armée traversa la Saale dans la journée du 20 octobre. L’Empereur passa la nuit dans un petit pavillon, sur un coteau planté de vignes. Le 23, à Erfurt, le roi Murât quitta Napoléon pour retourner à Naples. Pendant cette première journée de marche, le reste des Saxons désertèrent dans la nuit ainsi que les Bavarois ; il n’y eut que les Polonais qui nous restèrent fidèles. L’armée partit d’Erfurt le 25 octobre et se porta successivement sur Gotha et Fulde ; l’Empereur, ayant été informé d’une manœuvre du général bavarois de Wrède, se dirigea précipitamment sur Hanau. Arrivé devant la forêt que la route traverse aux approches de cette ville, Napoléon passa la nuit faire ses dispositions. Le lendemain matin, les bras croisés, il