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par la bride et pars au galop ; et son peloton de faire feu sur moi. J’arrivai comme le vent près de mon Empereur avec un joli cheval blanc arabe qui portait sa queue en panache. L’Empereur me voyant près de lui : « Te voilà de retour ? À qui ce cheval ? — À moi, Sire (j’avais encore mon sabre pendant), j’ai coupé la figure à un bel officier. Il était temps, car il était brave ; c’est lui qui m’a chargé. — Te voilà monté sur un bon cheval ; fais préparer toutes mes voitures ; vous partirez cette nuit pour Francfort, sitôt le chemin libre. — Nous ne pourrons passer, ils sont tous les uns sur les autres. — Je vais faire déblayer la route de suite.

Les aides de camp arrivaient disant à Sa Majesté : « La victoire est complète. » Et il prenait de grosses prises de tabac ; il eut encore une journée de bonheur.

Il fit partir tous les traînards pour déblayer la grande route afin de faire passer son parc. Je reçus l’ordre de partir sous bonne escorte, il faisait nuit à ne pas se voir, et nous arrivâmes à Francfort dans la nuit du 1er au 2 novembre. Sur une grande place il y avait des piles de beau bois qui nous firent avoir de bons feux. L’Empereur passa la nuit sur le champ de bataille, que le général de Wrède se hâta d’abandonner, opérant sa retraite sous la protection de la place, dont il ordonna l’entière évacuation pendant la nuit. Au point du jour, l’armée se