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course devant l’état-major. Le grand élan était donné, il fallait vaincre ou mourir. Au pied de la montagne qui fait face au château et à la grande rue de Brienne, la pente est rapide. Il fallait faire des efforts inouïs pour atteindre le but ; tous les obstacles sont surmontés. C’est le 29 janvier à la nuit que Brienne fut enlevé ; la nuit étant survenue, on ne distinguait plus les combattants ; on était les uns sur les autres, baïonnette en avant. Les Russes qui étaient amassés dans la grande rue furent chassés ; nos troupes de gauche montèrent si rapidement de leur côté qu’elles heurtèrent l’état-major du général Blucher ; il perdit beaucoup d’officiers. Parmi les prisonniers se trouvait un neveu de M. de Hardenberg, chancelier de Prusse, il raconta que, entouré à plusieurs reprises par nos tirailleurs, le feldmaréchal n’avait dû son salut qu’à la défense la plus énergique et à la vigueur de son cheval. L’Empereur fit alors faire un à-gauche, ne s’arrêta pas au château, et poursuivit l’ennemi jusqu’à Mézières. Comme il était nuit noire, une bande de cosaques qui rôdait cherchant quelque occasion de butin, entendit le pas des chevaux montés par Napoléon et son escorte. Cela les fit courir ; ils se ruèrent d’abord sur un des généraux qui cria : « Aux cosaques ! » et se défendît. Un des cosaques apercevant à quelques pas de là un cavalier à redingote grise courut sur lui ; le général Corbineau se jeta d’abord à