NEUVIÈME CAHIER
Le Gouvernement nous renvoya planter des choux dans nos départements, avec demi-solde, soixante-treize francs par mois. Il fallut se résigner ; je vendis deux de mes chevaux et gardai mon cheval blanc ; je plaçai mon domestique à la Maison d’Autriche pour emmener des chevaux de main ; je partis pour Auxerre, chef-lieu de mon département, et je végétai dans cette ville toute l’année 1814.
Je ne connaissais personne ; je finis par être invité chez M. Marais, avoué, rue Neuve, un vrai patriote. Il m’offrit mon couvert chez lui ; il poursuivait un procès au nom de mon frère contre ma famille qui nous avait dépouillés d’un peu de biens du côté de notre mère. C’était le beau-père de M. Marais qui avait entamé le maudit procès qui dura dix-sept ans. Je ne l’appris qu’à mon arrivée de l’armée. Lorsque mon procès fut appelé, je me présentai au tribunal en grande tenue, et me posai là dans le plus