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avez peur de vous compromettre. — Je vous jure que je ne sais rien. — Eh bien, dit un gros papa, on dit qu’il est passé un capucin déguisé et un autre grand personnage que le préfet voulait faire arrêter. — Je ne vous comprends pas. — Vous faites l’ignorant. C’est pour cela qu’il a gardé son cheval, dit l’un d’eux ; il attend la capote grise. — Je tombe des nues en vous entendant parler ; vous pouvez vous compromettre. »

Je me retirai confus de joie, je puis le dire, et je croyais déjà voir mon Empereur arriver. J’allais presser M. Marais, lui faire part des bruits qui circulaient : « Vous seriez content, dit-il (je souris)… Je vous vois d’ici monter à cheval. S’il venait, vous partiriez. — De bon cœur, c’est vrai ! — Je vais faire en sorte de faire finir votre affaire. Restez à dîner ; j’ai besoin de quelques notes. » Le mardi suivant, mon procès fut appelé et plaidé à fond ; le délibéré fut remis à 15 jours. Je fus encore dîner chez mon avoué qui me dit : « Votre affaire est gagnée, ils vont être rossés d’importance » ; mais j’étais loin de compte, je n’en vis la fin qu’en 1816.

Une tempête se préparait ; joie pour les uns, tristesse pour les autres. On débitait dans les rues d’Auxerre que l’Empereur était débarqué à Cannes, qu’il marchait sur Grenoble et de là sur Lyon. Tout le monde était dans la consternation ;