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quel chemin prendre. Enfin je trouve cet intrépide général qui était aux prises, couvert de boue ; je l’abordai : « L’Empereur m’envoie près de vous, mon général. — Allez dire à l’Empereur que s’il m’envoie du renfort, les Prussiens seront enfoncés ; dites-lui que j’ai perdu la moitié de mes soldats, mais que si je suis soutenu, la victoire est assurée. »

Ce n’était pas une bataille, c’était une boucherie, la charge battait de tous côtés ; ce n’était qu’un cri : « En avant ! » Je rendis compte à l’Empereur ; après m’avoir entendu : « Ah ! dit-il, si j’avais quatre lieutenants comme Gérard, les Prussiens seraient perdus. » J’étais de retour de beaucoup avant ceux que l’Empereur avait envoyés avant moi ; il y en eut le soir, après la bataille gagnée, six qui ne parurent pas. L’Empereur se frottait les mains après mon récit, il me fit dépeindre tous les endroits par où j’avais passé. « Ce n’est que vergers, gros arbres et fermes. — C’est cela, me dit-il, on croyait que c’était des bois. — Non, Sire, c’est des chemins couverts. » Toutes nos colonnes avançaient, la victoire était décidée ; l’Empereur nous dit : « A cheval, au galop ! voilà mes colonnes qui montent le mamelon. » Nous voilà partis. Au travers de la plaine, se trouve un fossé de trois à quatre pas de large ; le cheval de l’Empereur fit un petit temps d’arrêt, mon cheval franchit, et je me trouvai devant Sa Majesté, emporté par sa