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de sa ligne pour venir au-devant de moi ; à cent pas des siens, il s’arrête et m’attend. Arrivé à distance, je m’arrête aussi et, tirant mon pistolet, je lui fais passer ma balle près des oreilles. Il se fâche, me poursuit ; je fais demi-tour ; il ne poursuit plus et s’en retourne. Je fais alors mon à-gauche et fonds sur lui. Me voyant derechef, il vient sur moi ; je lui envoie mon second coup de pistolet. Il se fâche plus fort, il me charge. Je fais demi-tour et je me sauve : il me poursuit à moitié de la distance des deux lignes, en furieux. Je fais volte-face et fonds sur lui ; il m’aborde et m’envoie un coup de pointe. Je relève son sabre par-dessus sa tête, et, de la même parade, je lui rabats mon coup de sabre sur la figure de telle sorte que son nez fut trouver son menton ; il tomba raide mort.

Je saisis son cheval, et revins fier vers mes petits soldats qui m’entourèrent ; le bel homme qui suivait tous mes mouvements vint au galop au-devant de moi : « Je suis enchanté, dit-il, c’est affaire à vous ; vous savez vous y prendre, ce n’est pas votre coup d’essai, je vous prie de me donner votre nom. — Pourquoi faire, s’il vous plaît ? — J’ai des amis à Paris, je voudrais leur faire part de cette action que j’ai vue. À quel corps appartenez-vous ? — À l’état-major général de l’Empereur. — Comment vous nommez-vous ? — Coignet. — Et vos prénoms ? — Jean-Roch. — Et votre grade ? — Capitaine. » Il