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je n’eus jamais qu’à me louer des bontés du général.

Le 4 janvier, je partis de Bourges ; le 5, j’arrivais à Auxerre avec trois beaux chevaux. A l’Hôtel de ville, je pris mon billet de logement pour cinq jours au Faisan, là je trouvai une table d’hôte où le marquis de Ganet prenait ses repas ; je fus invité à sa table pour mes 3 francs par dîner ; c’était trop cher pour ma petite bourse. Avec 73 francs par mois, on ne peut dépenser 90 francs pour dîner, sans compter mon domestique et mes trois chevaux. Je ne pus recommencer et je pris toutes les mesures d’économie. J’écrivis à mon frère à Paris, de me faire passer 200 francs pour nourrir mes chevaux, lui disant qu’aussitôt qu’ils seraient vendus je lui en donnerais le prix. Je reçus de suite les deux cents francs, et partis pour Ville-Fargeau faire emplette d’une voiture de foin, de paille et d’avoine, car l’auberge m’avait ruiné. En six jours, mes trois chevaux, moi et mon domestique me coûtèrent 60 francs. Je fis une visite à Carolus Monfort, aubergiste à côté de mon hôtel, qui me fit ses offres de service : « Venez chez moi, me dit-il, je vous logerai, vous et vos chevaux, et ne vous demanderai que 60 francs par mois ; vos chevaux seront seuls, et vous vivrez à la table d’hôte. — C’est une affaire convenue, lui dis-je, je vais faire venir tous les fourrages chez vous. — Je