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les cahiers

général ; le maréchal Macdonald me l’a offert, j’ai refusé. »

Tous mes camarades ne soufflaient mot ; il s’en trouva un plus hardi, le capitaine de gendarmerie Glachan, qui dit : « Voyez ce vaguemestre, qui est revenu couvert d’or. » Me voyant apostrophé de cette manière, je m’avance devant le général, et relevant mon gilet : « Voyez, général, comme je flotte dans mes habits. Voyez le gendarme qui a trois boutons à son habit qu’il ne peut boutonner, tant il est gras… — Allons ! allons, capitaine ! — Je ne le connais pas, ce n’est pas à lui de me parler ; qu’il s’en souvienne ! »

Je rentrai chez moi, suffoqué de colère ; j’aurais voulu être encore en Russie. Au moins, j’avais mes ennemis devant moi, tandis qu’ici ils sont partout dans mon pays.

Vers ce temps, il arriva chez Carolus un armurier poursuivi pour propos séditieux. Je m’attachai à cet homme. J’en fis mon ami, il se nommait Jacoud. Je demeurai chez lui à la sortie de mon hôtel ; je n’eus qu’à m’en louer.

Un soir, je rentre chez moi à onze heures ; je prends ma lanterne pour aller voir mes chevaux avant de me coucher, ce que je faisais toujours ; mon écurie donnait dans la rue du Collège et j’entrais par l’intérieur de la cour. Je trouve mes trois chevaux couchés, je leur parle tout haut : « Vous voilà donc couchés,